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Thèse

Ce travail de thèse s’articule autour de la pratique et la transmission de la flûte bansuri (flûte traversière en bambou) dans le contexte de la musique hindustani (appelée aussi « classique de l’Inde du Nord »). La flûte est associée en Inde à un univers pastoral étroitement lié à la divinité Krishna du panthéon hindou, joueur de flûte qui enchante par sa beauté et sa musique la nature, les animaux et les humains ; une image que l’on retrouve dans la littérature et l’iconographie, du sud au nord du sous-continent indien, dès le 1er millénaire de l’ère chrétienne et jusqu’aux créations cinématographiques les plus récentes de l’industrie Bollywood. Parallèlement au contexte krishnaïte, la bansuri, longtemps écartée du milieu des cours sous l’empire Moghol (entre les 16e et 19e siècles) au profit du nay iranien, a bénéficié du nouveau contexte social et économique engendré par le mouvement de réforme nationaliste de la fin du 19e pour se (re)faire une place de choix dans le paysage de la musique « savante » (Shastriya Sangit). Elle est associée aujourd’hui dans le nord à deux grands noms : Pannalal Ghosh (1911-1960) crédité pour avoir contribué au renouvellement de l’instrument dans la première moitié du 20e siècle et Hariprasad Chaurasia (né en c.1938) pour en avoir popularisé la pratique à l’échelle mondiale et élevé l’instrument au même rang que le sitar ou le sarod dans le milieu hindustani. Entre les débuts de Pannalal Ghosh à la flûte et l‘avènement de l’instrument comme « classique » les informations et les discours sont assez rares et très homogènes ; or les données ethnographiques sur la facture, le répertoire, les discours et les pratiques liées à la flûte simplifie une réalité bien plus complexe et diversifiée que se travail tentera de mettre en lumière.
C’est à partir de l’observation d’une famille de joueurs de flûte et de la figure du maître Rajendra Prasanna (né en 1956), issu d’une communauté de musiciens dits « héréditaires » spécialistes du hautbois [śahnāī] et de la flûte bansuri, que l’histoire de la flûte et de ses interprètes sera mise à jour et certains concepts clés de l’anthropologie de la musique et du monde indien évalués (tradition, transmission, appréciation, catégorisation, style, improvisation, performance, hiérarchie et statut social).
Le matériau de l’analyse se compose d’enregistrements issus du travail ethnographique mené entre 2006 et 2016 en Inde et en Europe et d’enregistrements d’archives inédites (1973-2003).
Au-delà de la musique hindustani et de l’Inde, cette étude propose en filigrane une réflexion épistémologique sur les représentations graphiques du sonore et les nouveaux moyens d’associer le multimédia à l’analyse ethnomusicologique.

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