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SFE : analyser la musique

par Jeanne Miramon-Bonhoure

Publication des actes des journées d’étude 2013, Paris, 24-25 et 26 mai :

Lien vers le programme

I. Communication orale : "Dispositifs d’analyse et stratégies de représentation : les avantages du logiciel iAnalyse dans la communication des résultats"

II. Article : "Voir pour mieux entendre : dispositifs d’analyse et stratégies de représentation de la musique hindustani à l’aide des logiciels Praat et iAnalyse"

Documents multimédias liés à l’article

Exemple1
Exemple 2
Exemple3
Exemple4

Argumentaire (texte de l’appel à communication)

L’analyse musicale des matériaux ethnomusicologiques est au cœur des préoccupations de nombreux chercheurs. Si elle ne semble pas être mise en question en tant que telle, des interrogations surgissent régulièrement quant à ce qu’il faut analyser, ce que l’on peut analyser, comment le faire et pour obtenir quel type d’information. L’évolution des technologies, l’orientation de champs de recherche ouverts sur des disciplines connexes, l’avancée des méthodes musicologiques et ethnologiques, et enfin le développement des connaissances des cultures musicales et de leur fonctionnement nous obligent à régulièrement revisiter cette question. Nous proposons donc ce thème aux Journées d’étude en nous concentrant sur trois perspectives particulières :

Critères et validation de l’analyse musicale
Le travail de l’ethnomusicologue consiste à tenter d’expliciter le fonctionnement et le sens global d’une manifestation musicale. Cela implique en premier lieu d’en identifier et de sélectionner ses paramètres pertinents, que ceux-ci soient relatifs à la dimension sonore ou aux circonstances particulières d’existence de cette manifestation. Des modèles théoriques d’analyse ont été proposés en ce sens, mais la traduction et surtout la transmission de l’expérience vécue pendant le temps de la musique représente encore aujourd’hui une réelle difficulté.
Un autre défi est la question de la communication des résultats de l’analyse en vue de leur validation non seulement par la communauté scientifique mais surtout par les musiciens qui font exister cette musique. Il s’agira de discuter des mécanismes de validation de l’analyse musicale, et de la manière de traduire et transmettre des idées exprimées dans la musique mais qui ne relèvent pas uniquement du domaine de l’acoustique.

Les outils numériques au service de l’analyse musicale
Il y a eu, il y a et il y aura des tentatives d’analyse automatisée des musiques. Il s’agira sans doute de faire un état des lieux et de partager des expériences récentes. Mais les outils numériques vont bien au-delà d’une application au seul sein d’une communauté scientifique somme toute assez restreinte : ils permettent d’élargir à un très large cercle de connaisseurs et d’experts les données accompagnant les enregistrements, désormais diffusés sur le Web (Archives de la Parole sur Gallica, Telemeta, Fonds Brailoiu, Fonds Lomax, Robert Garfias…).
Les intersections entre logiciels permettent désormais de combiner de manière synchrone écoute, visualisation (d’une transcription sur portée ou d’un schéma des hauteurs et/ou d’un sonagramme) et commentaires. D’autres intersections permettent l’analyse automatisée à partir de transcriptions classiques mises sur portée, et à terme la recherche systématique, comme on le fait pour le répertoire de la modalité « grégorienne » http://www.globalchant.org/.

Transformations et permanences : l’étude de langages musicaux à travers les enregistrements d’archives.
Dès l’invention du phonographe à la fin du 19e siècle, les chercheurs s’intéressant aux musiques du monde ont largement investi les formidables avancées technologiques de l’époque pour fixer des sons éphémères sur un support matériel et durable. Dès 1900, des témoignages sonores ont été collectés tant dans les pays occidentaux que sur des terrains plus éloignés et difficiles d’accès. Pendant ces dernières décennies, l’écoute de ces "vieux" enregistrements n’était soit plus à l’ordre du jour, soit techniquement plus possible.
La "révolution numérique" a renversé la situation et, depuis quelques temps, ces premiers enregistrements de gravure directe – sur cylindres de cire, sur disques – sont à nouveau et plus facilement accessibles. Qu’est-ce qu’on entend à travers une qualité bien souvent médiocre, voire mauvaise ? Que peut-on comprendre à travers des enregistrements anciens de musiques qui le plus souvent n’existent pas en dehors des représentations qui les font entendre ? Nous souhaitons interroger les documents d’archives sonores plus largement sous l’angle de leur valeur en tant qu’objet musicologique. Tiennent-il la promesse que percevaient les pionniers de la "musicologie comparative" pour l’étude des musiques du monde ? Est-il possible, aujourd’hui, d’utiliser les sources d’archives pour étudier, au sein d’une culture, les transformations – ou permanences – du langage musical au cours du siècle dernier ?